J'étais au cégep, j'avais beaucoup de temps devant moi, beaucoup de devoirs aussi. J'étais assise à la caf plutôt qu'à la petite caf, pour changer d'air un peu. Puis il y a plus de monde aussi, plus de chose à voir, plus à écouter. Je savais que je perdais du temps à travailler ainsi, j'aurais du me concentrer sur mes devoirs. Mais, j'aime le bruit, j'aime quand il y a du monde autour.
J'aime les places bondées, comme ça tu peux t'asseoir d'un coin et regarder le monde tourner. C'est étonnant tout ce que l'on peut voir et entendre dans ce temps là. Je garde quelques souvenirs de conversation piqué à quelques inconnus, à quelques endroits différents : une salle d'attente, un magasin, une rue, un restaurant, un bus.
Mais je m'éloigne, je parlais donc de ce jour là, dans la caf du cégep, à peut-être 16h00. J'étais assise sur le coin d'une table. Il n'y avait pas beaucoup de monde cette journée là à la caf. C'était peut-être à cause de l'heure. Mais il y avait tout de même un petit groupe à 3 ou 4 tables de moi. Petit groupe, le mot est peut-être fort, c'était 2 filles déjà assises depuis longtemps et un nouvel arrivant. elles parlaient à voix basses depuis le début, de sorte que je n'entendais pas ce qu'elles se disaient. Mais peu après que le nouvel arrivant se soit joint à elles, une des filles a monté le ton et a dit simplement cette phrase : "Gab, il se suicidera pas". C'était dit avec force et conviction. Aussi étonnant que ça puisse paraître, c'était beau à entendre. Ça sonnait comme un cri du coeur. Comme un "je t'aime", lancé désespérément. J'aurais aimé que ce "Gab" soit là pour entendre lui aussi la conviction et l'espoir qu'il y avait sous ce cri. C'était puissant, beau, fort, convainquant, certes on y sentait la peur caché derrière cette élan d'assurance, mais c'est ce qui rendait le tout tellement plus vrai. Je ne pourrais vous décrire à quel point c'était beau, mais vraiment, ça l'était.
Ils ont continuer de parler, mais à nouveau à voix basse. J'entendais des mots par-ci par-là. On y sentait la peur, le désarroi. On sentait qu'ils avaient tout essayer, qu'ils ne savaient plus quoi faire. Je ne sais pas qu'est-ce qu'il advient de ce "gab" aujourd'hui, mais j'espère vraiment qu'avec les amis qu'il a, il a pu s'en sortir.