Je suis déjà montée sur le toit de la maison simplement pour regarder la vue d'en haut. Je me souviens m'être approchée du bord, les pieds à demi dans le vide, m'être vue tomber... Mais ce n'était pas assez haut. Alors j'ai imaginé la maison plus grande, plus haute. J'ai eu le vertige et je me suis immédiatement reculée. Je suis descendue du toit en hâte, comme apeurée par un sentiment jusqu'alors inconnu et totalement indéfinissable.
Sitôt descendue, je me suis mise à courir. Je n'avais jamais autant couru. Jamais il ne me serait venu à l'esprit que je puisse avoir autant de souffle. Je ne savais pas où j'allais ni pourquoi je courais, mais je continuais. De toute évidence je fuyais quelque chose, mais quoi ?
Puis j'en ai eu assez. Je me suis arrêtée incapable d'aller plus loin ni de revenir sur mes pas, soudainement épuisée pas la longue course. Je restai figée durant un moment qui me sembla éternellement long et pourtant trop court. Incapable de bouger, de parler, de crier, je regardai la rage qui montait en moi pour devenir aussi immense que ce que ce que j'avais ressenti sur le toit. Je suis restée immobile au centre de la rue et j'ai attendu la prochaine voiture. Je ne saurais dire combien de temps je suis restée ainsi. Mais soudainement, un éclair est passé devant mes yeux et le vide est disparu, la rage aussi. Je me suis retournée et j'ai marché lentement, très lentement vers la maison. Je venais de gagner le plus difficile des combats.
Il ne restait plus rien. Sinon cette étrange impression que plus jamais je ne me retrouverais ainsi, à cheval entre la vie et la mort. J'avais fait mon choix. J'avais gagné.